Oxymétrie nocturne : mesurer la SpO₂ pendant le sommeil

L’oxymétrie nocturne mesure en continu la saturation en oxygène du sang pendant le sommeil, appelée aussi saturation nocturne. Elle aide à dépister une hypoxémie, repérer des désaturations et contrôler un traitement respiratoire. Consultez si l’entourage note des pauses respiratoires, si vous avez des céphalées au réveil, une somnolence diurne marquée ou un essoufflement la nuit.

À quoi sert l’oxymétrie nocturne ?

L’oxymétrie nocturne s’utilise pour confirmer ou écarter une baisse d’oxygène pendant la nuit.
Elle dépiste une hypoxémie nocturne, quantifie les désaturations et contrôle l’efficacité d’un traitement respiratoire.

Votre médecin la propose si des pauses respiratoires sont rapportées, en cas de maux au réveil, de somnolence diurne marquée ou d’essoufflement nocturne.

Elle complète aussi le suivi d’un syndrome d’apnée du sommeil connu ou d’une maladie respiratoire chronique.

Si vous vous interrogez plus largement sur la nature de vos symptômes, lisez notre article sur les troubles du sommeil et plus particulièrement sur les troubles respiratoires du sommeil.
Pour une vue d’ensemble des prises en charge, consultez notre article sur les traitements du sommeil.


Principes et paramètres clés

L’oxymétrie nocturne repose sur une mesure continue de la saturation en oxygène grâce à un capteur posé sur le doigt.
Cet examen décrit la qualité de votre oxygénation pendant la nuit et aide à repérer les variations anormales du taux d’oxygène.
Les valeurs relevées et la qualité du signal orientent ensuite l’interprétation médicale.


Ce que mesure l’examen

Le compte rendu précise la saturation moyenne, la valeur la plus basse appelée nadir, et le temps total passé avec une SpO₂ inférieure à 90 %, puis à 88 %.

Il calcule aussi l’index de désaturation, c’est-à-dire le nombre de baisses d’oxygène par heure de sommeil.

La définition d’une désaturation peut varier selon le protocole du centre et figure toujours dans votre compte rendu.


Qualité du signal : ce qui l’influence

Le signal dépend de la perfusion du doigt, de la stabilité du capteur et de la transparence de l’ongle.

Le froid, un vernis foncé, un faux ongle, des mouvements répétés ou un capteur mal ajusté peuvent créer des artefacts.

Une peau très pigmentée ou une anémie importante modifie parfois la lecture.
À l’altitude, la saturation normale diminue légèrement.

Pour obtenir des données fiables, gardez la main au chaud et le capteur bien fixé pendant la nuit.


Déroulé à domicile : préparation et installation

L’oxymétrie nocturne se réalise à votre domicile, dans vos conditions habituelles de sommeil.
Le matériel comprend un petit boîtier d’enregistrement et un capteur placé sur le doigt.
L’installation est simple, mais doit rester stable toute la nuit pour obtenir des données fiables.


Préparation avant le coucher

Avant d’aller dormir, lavez-vous les mains et retirez tout vernis ou faux ongle.

Branchez le capteur et vérifiez que le voyant ou l’écran indique un signal correct.

Placez ensuite le boîtier à côté du lit, à l’abri des chutes.

Évitez les crèmes ou huiles sur la peau qui altèrent l’adhérence du capteur.


Pendant la nuit

Gardez la main détendue et évitez de plier le doigt où se trouve le capteur.

Si le capteur se décolle ou s’éteint, replacez-le calmement et laissez l’enregistrement se poursuivre.

Ne retirez pas le dispositif avant votre réveil, sauf en cas d’inconfort marqué.


Après l’enregistrement

Au réveil, débranchez le capteur et mettez le matériel de côté.

L’équipe vérifie ensuite la qualité du signal et télécharge les données.

Vous recevrez les résultats ou un compte rendu après validation médicale.


Résultats : lire votre compte rendu

Votre compte rendu liste d’abord les informations techniques, puis les chiffres clés.
Vous y trouverez des valeurs synthétiques et un commentaire médical qui conclut sur la présence d’anomalies.


Les champs à repérer

Cherchez la saturation moyenne, la valeur la plus basse appelée nadir, et le temps total passé avec une SpO₂ inférieure à 90 %, puis à 88 %.

Repérez aussi l’index de désaturation, exprimé en événements par heure.

Le rapport précise la durée analysée et la qualité du signal.


Comment ces données orientent la suite

Un nadir très bas ou un temps prolongé sous 90 % suggère une hypoxémie nocturne significative.

Un index de désaturation élevé renforce l’argument d’événements respiratoires pendant la nuit.

Des chiffres rassurants, associés à un bon signal, conduisent souvent à une simple surveillance.

En cas d’anomalies, votre médecin peut proposer une capnographie nocturne, une polygraphie ventilatoire ou une polysomnographie.

Si le signal est jugé insuffisant, une nouvelle nuit d’enregistrement est préférable.


Apports, limites et pièges fréquents

L’oxymétrie nocturne fournit des informations précieuses sur l’oxygénation du sang pendant le sommeil, mais elle ne résume pas à elle seule la qualité du sommeil ni la cause d’un trouble respiratoire.


Ce que l’oxymétrie montre très bien

Elle détecte les désaturations nocturnes, en décrit l’intensité et la fréquence et suit l’évolution sous traitement.

Elle aide à juger la sévérité d’une hypoxémie et à documenter l’efficacité d’une ventilation ou d’une oxygénothérapie déjà prescrite.


Ce que l’oxymétrie ne montre pas

Elle n’explore ni la structure du sommeil ni la mécanique respiratoire.

Elle ne distingue pas apnée et hypopnée et peut manquer une hypoventilation légère.

Elle n’explique pas à elle seule la cause d’une désaturation isolée.


Pièges d’interprétation

Certaines situations modifient les chiffres et compliquent la lecture : fièvre, anémie marquée, altitude, vasoconstriction liée au froid, perfusion digitale faible.

Les seuils et définitions de désaturation varient selon les centres.

En cas d’incertitude, votre médecin croise ces données avec les symptômes et les autres examens.


Faut-il associer d’autres examens ?

L’oxymétrie nocturne fait partie des explorations cardio-respiratoires nocturnes.
Cet examen répond à la question de l’oxygénation pendant la nuit.
Selon la situation clinique, votre médecin peut compléter par une mesure du dioxyde de carbone ou par un enregistrement respiratoire plus détaillé.


Quand ajouter une capnographie transcutanée ?

Votre médecin ajoute une capnographie si une hypoventilation nocturne est suspectée.

Cette indication est fréquente en cas de maladie neuromusculaire, d’obésité avec somnolence importante, de BPCO avancée ou de céphalées matinales persistantes malgré une oxymétrie peu parlante.

La capnographie suit en continu le CO₂ et met en évidence une hypoventilation même lorsque la SpO₂ reste proche de la normale.


Quand préférer une polygraphie ventilatoire ?

Votre médecin privilégie une polygraphie ventilatoire lorsque l’objectif est d’identifier des apnées et des hypopnées.

Elle s’adresse aux situations avec ronflement sonore, pauses respiratoires rapportées, hypertension artérielle difficile à équilibrer ou forte probabilité d’apnée du sommeil.

La polygraphie mesure le flux aérien, l’effort thoraco-abdominal et le nombre d’événements respiratoires.


Quand orienter vers une polysomnographie ?

Votre médecin oriente vers une polysomnographie si le tableau est complexe ou si le diagnostic reste incertain.

Cette approche convient en présence de comorbidités multiples ou lorsque des mouvements périodiques des jambes, une parasomnie ou une épilepsie nocturne sont suspectés.

La polysomnographie analyse l’architecture du sommeil en plus de la respiration. C’est l’examen de référence.


Dans quels cas l’oxymétrie suffit ?

L’oxymétrie est intégrée dans la polygraphie ventilatoire et la polysomnographie.

Cependant, l’oxymétrie seule peut suffire pour le suivi d’une oxygénothérapie déjà prescrite.

Elle peut aussi vérifier ponctuellement l’efficacité d’une ventilation ou d’une PPC lorsque surgit un doute clinique.

Dans certaines maladies respiratoires chroniques, elle quantifie l’hypoxémie nocturne avant un éventuel ajustement thérapeutique.

Si vous souhaitez comparer les examens possibles, consultez notre article sur les examens du sommeil pour comprendre leur place et leur utilité.
Si un trouble respiratoire est confirmé, un traitement par dispositifs médicaux du sommeil pourrait vous être proposé pour stabiliser la respiration la nuit.


Questions pratiques

L’oxymétrie nocturne est un examen simple et indolore, mais certaines situations posent souvent des questions avant sa réalisation.
Ces éléments vous aident à mieux comprendre le déroulement au quotidien.


Combien de temps dure l’enregistrement ?

L’enregistrement se fait sur une nuit complète, généralement entre six et huit heures.

La durée minimale doit permettre de couvrir l’ensemble de votre sommeil habituel pour que l’analyse soit fiable.


L’examen gêne-t-il le sommeil ?

Le capteur est léger et n’occasionne pas de douleur.

Vous pouvez dormir dans votre position habituelle.

Si vous bougez beaucoup pendant la nuit, veillez simplement à maintenir le câble libre de toute tension.


Peut-on voyager avec le matériel ?

L’appareil est de petite taille et ne comporte pas d’élément sensible au passage en douane.

En cas de déplacement, informez l’équipe avant le départ pour planifier la récupération du dispositif.


L’altitude influence-t-elle les résultats ?

Oui, la saturation normale diminue légèrement avec l’altitude.

Le rapport médical tient compte de ce paramètre pour interpréter vos valeurs.


Cas particuliers : enfants, grossesse, pathologies chroniques

Chez l’enfant, la taille du capteur et la durée du sommeil sont adaptées à l’âge.

Pendant la grossesse, l’examen reste sûr et aide à détecter une hypoxémie liée à une apnée obstructive.

En cas de maladie respiratoire chronique, il permet de vérifier la stabilité de l’oxygénation nocturne sous traitement.


Organisation et remboursement en France

L’oxymétrie nocturne se prescrit par un médecin dans le cadre d’un parcours de soins.
Le plus souvent, l’enregistrement se fait à domicile via un centre du sommeil ou un prestataire agréé qui vous remet le matériel et les consignes.

La prise en charge par l’Assurance Maladie est possible lorsqu’il s’agit d’un bilan de suspicion d’apnée du sommeil, d’une maladie respiratoire chronique ou d’un suivi sous ventilation ou oxygénothérapie.

Le reste à charge dépend du régime, du lieu de réalisation et de votre complémentaire santé.

Demandez à l’équipe médicale le devis, le code d’acte et les modalités de remboursement avant l’examen.


FAQ

Je porte une montre connectée. Puis-je l’utiliser à la place du capteur fourni ?

Vous devez utiliser le dispositif médical prêté. Les montres donnent une estimation utile au quotidien, mais leur précision varie la nuit. Elles ne remplacent pas une oxymétrie nocturne validée médicalement.

Je dors mal la première nuit. Dois-je refaire l’examen le lendemain ?

Vous pouvez refaire une nuit si votre sommeil a été très court ou inhabituel. Prévenez l’équipe pour organiser une seconde nuit et améliorer la fiabilité des résultats.

Je prends de l’alcool ou du café le soir. Dois-je changer mes habitudes avant l’oxymétrie ?

Vous évitez l’alcool et limitez la caféine l’après-midi. Ces produits favorisent les désaturations ou fragmentent le sommeil et compliquent l’interprétation.

Je suis porteur d’un pacemaker. L’oxymétrie est-elle compatible et sûre ?

Vous pouvez réaliser l’oxymétrie. Le capteur digital ne perturbe pas les dispositifs cardiaques. Signalez toujours vos antécédents lors de la prescription.

Je suis enrhumé ou fiévreux le jour prévu. Faut-il reporter l’examen ?

Vous contactez l’équipe si vous avez de la fièvre ou une infection aiguë. Ces situations peuvent modifier la saturation et fausser les conclusions.

Je dors souvent sur le ventre ou sur le côté. Est-ce un problème pour la mesure ?

Vous pouvez garder votre position habituelle. Assurez-vous seulement que le capteur reste bien en place et que le câble ne tire pas.

Conclusion

L’oxymétrie nocturne permet d’évaluer la qualité de votre oxygénation pendant le sommeil. Cet examen simple oriente le diagnostic lorsqu’une baisse d’oxygène est suspectée ou qu’un traitement respiratoire doit être ajusté. Les résultats guident la décision de compléter le bilan par une capnographie ou une polygraphie ventilatoire. Si vos symptômes persistent malgré des valeurs normales, parlez-en à votre médecin pour envisager un examen plus complet du sommeil.

Patients : Prenez rendez-vous ou demandez à être rappelé(e) pour une consultation avec un spécialiste.

Médecins : Confiez l’installation et l’analyse des enregistrements des examens du sommeil à SomnoLink

Ce contenu informatif ne remplace pas un avis médical.

Sources :

Classification ICSD-3 de l’AASM
SFRMS
HAS